In defense of scientific discourse and competing expertise: Support to Gilles-Eric Séralini and his co-authors
The discourse between researchers within the scientific community is a key driver of knowledge construction. To be recognized as valid, a result should resist all fair attempts of invalidation by colleagues.
Furthermore, when scientific studies have important social, health, economic and political consequences, a scientific discourse with pluralistic expertise becomes even more essential for a well-functioning democracy. Yet, when certain scientific perspectives are systematically excluded from this discourse, how can we be assured of good science and policy outcomes? In the case of genetically modified (GM) plants and their systematic scientific appraisal, this respect for the scientific critique has been consistently under siege. A troubling trend is unfolding, where researchers who publish results that suggest unintended and potentially negative effects on health or the environment become the target of aggressive discrediting campaigns from influential members of the scientific community.
Despite the long tradition of discourse and dissent playing an important role in science and democracy, France is not immune to this troubling development within the scientific community. The current situation of Gilles-Eric Séralini, professor of molecular biology at the University of Caen and co-director of the multidisciplinary centre “Risks Pole” (MRSH-CNRS), which specializes in risk research of GMOs and pesticides on health, is a case in point. Séralini and his colleagues have undertaken counter-appraisals of data delivered originally by Monsanto to justify the commercialization of three different GM maize lines (MON 863, MON 810, NK603). The re-analyses by Professor Séralini and colleagues question the reliability of Monsanto’s data to formally prove the safety of these three GM maize lines (inadequacies in methodology, lack of robustness in statistical analysis). Unlike the research performed by the company, the work of Professor Séralini and colleagues has been subject to rigorous evaluation by peers before being published in the scientific literature in particular in 2007 and 2009.
The findings by Professor Séralini’s research team question the validity of authorizations granted by the European Commission, given on the advice of the European Food Safety Agency (EFSA) for human and animal consumption of these three maize lines. Given the implications of this counter-appraisal for Monsanto’s commercial interests, the intense reactions from Monsanto, are perhaps unsurprising. However, EFSA and the Office of Food Control in Australia and New Zealand’s critiques should have been more balanced. Further, the nature of their response has contributed to a discrediting campaign from certain linked sectors of the scientific community (see overleaf) which threatens not only Professor Séralini’s livelihood as a scientist, but also his funding to continue public-good research. This is wholly unacceptable.
We, academics, professors and researchers signing this statement, consider it our responsibility to defend the principles of respectful scientific criticism and the use of pluralistic expertise on issues as sensitive, complex and potentially irreversible as the effects of released GM crops. We denounce the approach of our colleagues, who use defamation and flawed/biased logic rather than credible scientific grounds, to unfairly and unjustly argue their case.
We uphold that such a debate should be conducted as a transparent discourse subject to an extended assessment by peers.
Pour le respect de la controverse scientifique et de l’expertise contradictoire: Soutien à Gilles-Eric Séralini et à ses co-auteurs
La controverse entre chercheurs, organisée au sein de la communauté scientifique, est un des moteurs essentiels de la construction des savoirs. Pour être reconnu, un résultat doit avoir résisté à toutes les tentatives d’invalidation par les collègues.
Plus encore, lorsque des travaux scientifiques ont des conséquences sociales, économiques et politiques importantes, la possibilité de développer ces postures critiques et de garantir les conditions d’une expertise pluraliste, devient le garant d’un bon fonctionnement démocratique. Comment prendre les bonnes décisions lorsque certaines voies de recherche sont systématiquement écartées, avant même d’avoir été sereinement explorées ? En matière d’étude de l’effet des plantes génétiquement modifiées sur la santé, ce respect de la controverse scientifique n’est pourtant pas de mise. La grande majorité des chercheurs qui publient des résultats suggérant des effets d’OGM jusqu’alors insoupçonnés (effets sur la santé ou sur l’environnement) est la cible de campagnes de dénigrement provenant de membres influents de la communauté scientifique1.
La France n’est pas en reste comme en témoigne la situation actuelle de Gilles-Eric Séralini, professeur de biologie moléculaire à l’Université de Caen et co-directeur du Pôle pluridisciplinaire «Risques», spécialisé dans l’étude des effets des pesticides et OGM sur la santé. GE Séralini et ses collègues ont mené des contreexpertises de données fournies par Monsanto pour justifier de la commercialisation de 3 de ses maïs OGM (MON 863, MON 810, NK 603). Leurs travaux remettent en question la capacité pour ces données de démontrer formellement l’innocuité des trois maïs (suivi des rats trop court, puissance de l’analyse statistique insuffisante). Contrairement aux analyses réalisées par la firme, les travaux de GE Séralini et de ses collègues ont été soumis au processus d’évaluation critique par les pairs avant d’être publiés en 2007 et en 2009.
Ces résultats interrogeant le bien fondé des autorisations octroyées par la Commission Européenne sur avis de l’Agence Européenne de Sécurité Alimentaire (EFSA) pour la consommation animale et humaine de ces trois maïs, il n’est pas étonnant qu’ils aient suscité de vives réactions de Monsanto, de l’EFSA ou encore de l’Office de contrôle des aliments d’Australie et de Nouvelle Zélande. Mais depuis quelques semaines, GE Séralini est la cible d’attaques et de pressions morales émanant d’une partie de la communauté scientifique (cf. verso), et qui vont jusqu’à remettre en question les conditions mêmes de ses travaux de recherche (position académique, financements).
Nous, chercheurs signataires de ce texte, considérons qu’il est de notre responsabilité de maintenir les conditions d’une controverse scientifique respectueuse et d’une expertise pluraliste sur des questions aussi sensibles que celle des effets de la culture de plantes génétiquement modifiées. Nous condamnons la démarche de nos collègues qui utilisent les armes de la décrédibilisation mensongère plutôt que le terrain de la démonstration encadrée par les procédures en vigueur au sein de la communauté scientifique, à savoir des expériences transparentes, indépendantes et reproductibles, soumises à une évaluation par des pairs.
Nous apportons tout notre soutien à GE Séralini et à ses co-auteurs.